C'est en 1952 qu'André Béguin
commence à pratiquer épisodiquement la gravure, mais
ce n'est qu'en 1964 qu'il s'y consacre véritablement, avec
une série de burins de caractère abstrait.
Vers 1968, son expression évolue vers une représentation
inspirée par les espaces cosmiques et l'exploration de l'univers
par l'homme.
En 1969, il écrit un poème, L'homme captif comme un
ballon peut l'être, dont, en 1970 et 1971, il grave le texte
sur des feuilles de plexiglas et qu'il illustre de dix-sept gravures
sur cuivre en manière de crayon et au burin. Jusqu'à
cette période, toutes les gravures d'André Béguin
sont en noir et blanc.
En 1973, il découvre en même
temps l'aquatinte et la couleur, mais insatisfait pas l'ancien procédé,
il met au point une technique de grainage à l'aérographe
qui permet de modeler le grainage, ce que peux difficilement la
méthode classique au grain de résine. A l'aide de
ce procédé, il réalise une série d'aquatintes
en couleur, à plusieurs plaques, toujours d'inspiration cosmique.
C'est à la suite de celle-ci qu'il rédige, en 1975,
son petit ouvrage L'aquatinte à l'aérographe. Cependant,
il découvre aussi à ce moment la sérigraphie
et c'est avec cette technique qu'il imprime les tirages de la première
édition, à trois cents exemplaires, ce qui ne nécessite
pas moins de quinze mille tirages, qui lui permettent de comprendre
vers le dix millième tirage comment manier la raclette et
l'importance du nappage (façon d'étendre l'encre sur
le tissu de l'écran) en sérigraphie.
Il faut attendre qu'il ait terminé
ses ouvrages techniques, en 1984, pour qu'il reprenne la gravure.
Après des essais au burin, à la manière de
crayon et à l'aquatinte à l'aérographe, qui
ne le satisfont pas puisqu'ils le ramènent malgré
lui douze années en arrière, il en arrive, non sans
peine, vers 1988, au travail à la pointe sèche sur
acier, dont il découvre peu à peu les merveilleuses
possibilités. C'est à cette technique qu'il se consacre
actuellement.
La pointe sèche permet une
grande liberté d'expression.
On grave sur la plaque un peu comme on dessine sur le papier avec
le crayon. La particularité de cette technique, c'est que
la pointe, en entamant le métal, provoque de chaque côté
de la taille des boursouflures, comme celles que le soc de la charrue
laisse de chaque côté de la ligne de labour. On nomme
celles-ci des barbes; ces dernières, en retenant l'encre
lorsque l'imprimeur essuie la plaque, laissent un trait baveux,
contrairement au trait imprimé du burin qui est particulièrement
net et au bord de la taille en eau-forte qui, par l'effet du rongement
du mordant, n'a pas de barbe.
On peut cependant supprimer les barbes de la pointe sèche,
ce qui donne un dessin plus net, dont l'esprit peut se rapprocher
de celui du burin. C'est ce que fait André Béguin.
Le choix de l'acier résulte du même besoin d'un dessin
précis. L'acier est plus dur que le cuivre, mais sa taille
est plus franche et il résiste mieux au tirage, lequel, à
la longue, use les tailles.
Pour les termes techniques, se reporter au Petit
dictionnaire des termes techniques de l'estampe et pour un plus
grand développement de la technique de la pointe sèche
dans le Dictionnaire technique
de l'estampe, à l'article correspondant, ainsi qu'à
ses renvois.
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