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LE CONCERTO D'ELGAR, premier roman d'André Béguin, a paru en mars 1994, aux ÉDITIONS GALLIMARD.

André Béguin vous propose également sur ce site de petites pièces qui vous amuseront peut-être : "Entretien avec Madame la Ministre", "La Cohabitation", et pour les amateurs de théâtre, l'intégralité de "Pauvre Diable ! ou le saucissonneur de Saint Genou", qui fut créé à Bruxelles en 1998.

 

Va, va-t'en musique!
Laisse d'abord les ombres s'épaissir
Et croître jusqu'à la tiède nuit brune
Il est encore trop tôt pour tes sons, tes arabesques d'or...

Nietzsche

C'est en écoutant le concerto pour violoncelle que le compositeur anglais Edward Elgar termina en 1919, que Simon, mélomane et violoncelliste amateur, éprouva le désir de créer sa propre musique. Il est encouragé par le vieux maître, Moretus, qui, parle de son Stradivarius au féminin et qui, revenu au pays natal, s'occupe activement des Journées Musicales, que la ville - une ville du nord où l'on vit en musique - donne tous les ans et où l'on vient du monde entier. D'autres musiciens concourent aussi à la réussite de ces rencontres du mois d'août : le jeune compositeur Moses - qui écrit le Concerto pour une herbe obligée après avoir entendu un paysan souffler dans une feuille - Wolfram, le pudique haute-contre, la violoniste Oriane, "l'hyperboréenne", le gros Burkart, qui se fait voler son alto, Lucrecia à la voix de cristal et son mari le baryton Ferrare, au gosier de cuivre, l'inquiétant chef Velicovicci, la pianiste Eleodora qui dissimule son ingrat visage sous des perruques rousses et tout un petit monde de musiciens et d'amis. On joue Dvorak, Mozart, Jean-Sébastien et Jean-Christophe Bach, Dutilleux, Zemlinsky, Alkan, Schubert, Chostakovitch, Luigi Rossi, Rim, Schnittke, Jan Dismas Zelenka, Jacques Ibert, Schumann, Eisler, Messiaen et... Elgar. Simon a une demi-sœur, Kathelene, et une fille, la secrète Judicaëlle, qui conversent sur deux pianos, dans des pièces différentes, l'une sur un Steinway, l'autre sur un Bösendorfer; elle se disent ainsi ce qu'elles ne pourraient s'avouer en paroles... Simon est doué - génial, dit Moretus - mais il manque de métier et il est fantasque. Il commence par improviser, détruit ce qu'il fait, recommence, détruit encore... La belle Ulve, à la peau caféaulaiteuse, la femme qu'il aime - pour laquelle il a écrit le poème Hommage aux aisselles de ma maîtresse brune, l'aide et l'inspire. Cependant, pourra-t-il seulement terminer son "opus1"?... C'est Kathelene qui raconte l'histoire : "Je sais que le chant de mon violoncelle va aussi couler comme une eau, avec d'abord un bruit de vent sur des cables, seul, et va, selon le soufle, monter, retomber, sembler s'éteindre et puis renaître, s'enfler à nouveau pour enfin s'effondrer dans un étang noir. Et voici que les images que j'avais chassées de ma mémoire reviennent dès que le chant s'écoule : sur la plus haute terrasse de la ville blonde bâtie sur l'eau, celle qui ressemble à une Venise sans la mer, une nuit, le début du concerto s'était répété... Le violoncelliste en avait recommencé plusieurs fois la première phrase comme pour la mettre au point, puis l'orchestre était venu envelopper le chant. Je vais pouvoir maintenant raconter mon histoire, tandis que mes éblouissements s'apaisent et que ma nuit étoilée, ma première nuit depuis un an, se découvre..."

LE FIGARO - Chronique littéraire d'Alain BOSQUET - avril 1994

"André Béguin a attendu, lui aussi, de longues années pour publier son premier roman, Le Concerto d'Elgar. Ce livre original et riche pourrait aussi s'intituler : Histoire d'une vocation incertaine. Il nous convie à cerner un personnage complexe, par plusieurs côtés à la fois, et par les témoignages, souvent contradictoires, de tous ceux qui ont connu Simon, lequel met beaucoup de soin à se dissimuler et à jeter le trouble dans les âmes. L'auteur suit fidèlement ses soubresauts, ses changements, ses hésitations, de sorte qu'il faut au lecteur beaucoup de patience. On lui présente Simon mais on le lui soustrait en même temps. Une centaine de pages sont nécessaires pour qu'enfin on le découvre. Simon est un mélomane assidu. Aimer la musique ne lui suffit pas : il faut qu'il en joue. Il choisit le violoncelle. Dans un deuxième temps, il se dit qu'être un interprète ne saurait contenter son appétit d'absolu. Il a besoin d'inspiration pour un jour, éventuellement, composer lui-même.

Ulve, la femme qu'il aime, est son inspiratrice : il prend en tout cas cette décision. Mais le talent s'organise-t-il et peut-il se décréter? Le cœur du livre est précisément dans cette interrogation. Le lecteur n'aura jamais de réponse simple. Simon est inspiré mais il a trop de scrupules. Connaître le génie des autres, c'est mesurer son talent : on en sort écrasé. S'il écrit de la musique, aussitôt il détruit ses partitions. Ses proches en souffrent. La présence d'Ulve sert-elle à quelque chose? Il n'est pas sûr que Simon ait du talent. Il n'est pas sûr non plus qu'il échappe à l'obsession ou à la folie.

Les données de ce livre sont d'une incontestable ampleur [ ... ] cette expérience d'un créateur perdu dans l'analyse et les fureurs de ses créations ne manque pas de nous impressionner."

LE FIGARO - Chronique littéraire d'Alain BOSQUET - avril 1994

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