André Béguin
André Béguin a consacré une grande partie de sa vie à l'estampe et en particulier à la gravure, soit en la pratiquant, soit en écrivant sur elle, soit en l'enseignant, soit en l'exposant, soit en fournissant aux artistes le matériel pour l'exerçant.
Né en 1927 à Blois, André Béguin arrive à l'âge de six ans à Montpellier où il fait ses études et c'est dans cette ville qu'en 1947 il entre à l'atelier de sculpture de Lelouet, à l'École des Beaux-Arts.
En 1950 et 1951, il est élève à l'École Nationale des Beaux-Arts de Paris, dans l'atelier de peinture de Souverbie. Ses peintures seront par la suite exposées, notamment par Isy Brachot, à Bruxelles, Jacques Massol à Paris et Adriaan Raemdonck à la galerie De Zwarte Panter à Anvers. En gravure, il pratique tout d'abord le burin puis effectue différentes recherches techniques, en particulier en aquatinte, pour laquelle il met au point la méthode de grainage par aérographe, qu'il présente dans son livre L'aquatinte à l'aérographe, en 1975 (traduit en anglais en 1980).
C'est à partir de cette date qu'il interrompt tout travail de peinture et de gravure pour se consacrer à la rédaction de ses ouvrages techniques.
En 1975 et en 1976, paraît son Dictionnaire technique de l'estampe (traduit en anglais en 1983), suivi en 1978 du Dictionnaire technique du dessin, en 1979 du Mémento pratique de l'artiste peintre et, de 1978 à 1984, des six volumes du Dictionnaire technique de la peinture. En 1981, il participe à la rédaction de L'Estampe, aux éditions Skira. Il est fréquemment sollicité pour des articles et des conférences sur l'estampe et a assuré les cours de Techniques de l'estampe à l'École du Louvre de 1985 à 1993.
En 1981, il ouvre un atelier de gravure et un magasin de fournitures pour graveurs et lithographes, rue Danville, à Paris. Durant vingt ans - jusqu'en juillet 2001 - André Béguin s'efforcera de réunir tous les articles nécessaires à la pratique de la gravure et de la lithographie. Le Catalogue des fournitures présentera le matériel d'impression (presses, plaques chauffantes, boîtes à grain, etc. ), les papiers et les buvards, les vernis, les huiles, les encres, les outils pour la gravure sur bois et sur métal (pointes, burins, roulettes, rouleaux, grattoirs, brunissoirs, etc.), le matériel et les produits pour l'eau-forte (cuves, acides, sels, essences, etc. ), les feutres, les chiffons, la tarlatane d'essuyage, les pierres et les produits abrasifs, le matériel d'optique et, tous les instruments propres à graver. Ces produits étaient français mais aussi importés de Belgique, de Suisse, d'Allemagne, d'Espagne, d'Italie, des Etats-Unis et du Japon.
En 1984, André Béguin reprend la gravure et expose dans différents salons. En même temps, en 1992, il expose rue Danville l'œuvre complète des gravures du peintre graveur Jacques Castex. D'autres expositions suivent, jusqu'à "Adieu rue Danville", en 2005.
André Béguin est membre du Comité National de la Gravure Française. Il a été Président de J.G.C. Gravure Contemporaine (anciennement La Jeune Gravure Contemporaine) de 2000 à 2004.
Parallèlement à ces dernières activités, André Béguin est l'auteur d'une œuvre littéraire.
Le graveur
C'est en 1952 qu'André Béguin commence à pratiquer épisodiquement la gravure, mais ce n'est qu'en 1964 qu'il s'y consacre véritablement, avec une série de burins de caractère abstrait.
Vers 1968, son expression évolue vers une représentation inspirée par les espaces cosmiques et l'exploration de l'univers par l'homme.
En 1969, il écrit un poème, L'homme captif comme un ballon peut l'être, dont, en 1970 et 1971, il grave le texte sur des feuilles de plexiglas et qu'il illustre de dix-sept gravures sur cuivre en manière de crayon et au burin. Jusqu'à cette période, toutes les gravures d'André Béguin sont en noir et blanc.
En 1973, il découvre en même temps l'aquatinte et la couleur, mais insatisfait pas l'ancien procédé, il met au point une technique de grainage à l'aérographe qui permet de modeler le grainage, ce que peux difficilement la méthode classique au grain de résine. A l'aide de ce procédé, il réalise une série d'aquatintes en couleur, à plusieurs plaques, toujours d'inspiration cosmique.
C'est à la suite de celle-ci qu'il rédige, en 1975, son petit ouvrage L'aquatinte à l'aérographe. Cependant, il découvre aussi à ce moment la sérigraphie et c'est avec cette technique qu'il imprime les tirages de la première édition, à trois cents exemplaires, ce qui ne nécessite pas moins de quinze mille tirages, qui lui permettent de comprendre vers le dix millième tirage comment manier la raclette et l'importance du nappage (façon d'étendre l'encre sur le tissu de l'écran) en sérigraphie.
Il faut attendre qu'il ait terminé ses ouvrages techniques, en 1984, pour qu'il reprenne la gravure. Après des essais au burin, à la manière de crayon et à l'aquatinte à l'aérographe, qui ne le satisfont pas puisqu'ils le ramènent malgré lui douze années en arrière, il en arrive, non sans peine, vers 1988, au travail à la pointe sèche sur acier, dont il découvre peu à peu les merveilleuses possibilités. C'est à cette technique qu'il se consacre actuellement.
La pointe sèche permet une grande liberté d'expression.
On grave sur la plaque un peu comme on dessine sur le papier avec le crayon. La particularité de cette technique, c'est que la pointe, en entamant le métal, provoque de chaque côté de la taille des boursouflures, comme celles que le soc de la charrue laisse de chaque côté de la ligne de labour. On nomme celles-ci des barbes; ces dernières, en retenant l'encre lorsque l'imprimeur essuie la plaque, laissent un trait baveux, contrairement au trait imprimé du burin qui est particulièrement net et au bord de la taille en eau-forte qui, par l'effet du rongement du mordant, n'a pas de barbe.
On peut cependant supprimer les barbes de la pointe sèche, ce qui donne un dessin plus net, dont l'esprit peut se rapprocher de celui du burin. C'est ce que fait André Béguin. Le choix de l'acier résulte du même besoin d'un dessin précis. L'acier est plus dur que le cuivre, mais sa taille est plus franche et il résiste mieux au tirage, lequel, à la longue, use les tailles.
Pour les termes techniques, se reporter au Petit dictionnaire des termes techniques de l'estampe et pour un plus grand développement de la technique de la pointe sèche dans le Dictionnaire technique de l'estampe, à l'article correspondant, ainsi qu'à ses renvois.